• Arretez de me prendre pour Zidane!

    Au cours de notre periple, de nombreux hommes, et particulierement nos hotes occasionnels, me trouvent une ressemblance physique avec le celebre footbaleur Francais Zinedine Zidane. Je pourrais me montrer flatte de cette attention. Mais tel n'est pas le cas et, afin de ne pas froisser les susceptibilites, je prefere "botter en touche".

    Zinedine Zidane, ce grand Homme. Voyons ce qu'en disent Jean Marie Brohm et Marc Perelman* : 

    Le «coup de boule» de Zidane et les nouvelles limites de la violence sportive

    Publie le 14 juillet 2006  

    Tout s'est termine ce dimanche soir par une curieuse victoire de l'equipe italienne, apres un acting out violent et tout aussi curieux de Zidane. Provocations, injures et un «coup de boule» fatidique. Carton rouge. Zidane est expulse du terrain. Il rejoint, tete basse, les vestiaires, inconsolable. Plus tard, on le verra, crispe, le visage ferme, saluer la foule venue place de la Concorde lui rendre un dernier hommage. «On n'excuse pas, mais on comprend», dira Raymond Domenech. Dans un sondage d'apres-finale, les Francais a 61% ont pardonne son geste a Zidane. SOS-Racisme, de son cote, s'est empresse de demander une enquete a la Fifa parce que  «le joueur italien serait l'auteur d'un propos raciste».

    D'autres ames charitables, compassionnelles, se sont emues, prenant fait et cause pour Zidane, celui par qui la «fete» pour tous les Francais, sans distinction, a ete possible. Le bonheur d'une finale tant esperee ne pouvait etre terni si vite. La liesse populaire ne serait donc pas suspendue. Mieux encore, l'allegresse d'un peuple mise a mal serait relancee, justement par ce geste, certes inacceptable, mais finalement comprehensible. L'exultation et la depression avant, pendant et apres-match n'ont cesse d'alterner ; elles se sont melangees, accelerant la contagion emotionnelle des pulsions les plus gregaires.

    Que nous dit cet acte ? Et au-dela de ce geste stupide, comment l'analyser autrement qu'a travers la violence primaire qui s'exerce partout : sur le terrain, dans les gradins, dans la rue, devant les ecrans de television geants genereusement proposes aux foules assoiffees de sport, demanderesses d'idoles et d'icones, des masses sous l'emprise de l'opium sportif ? La logique intrinseque des competitions provoque, et desormais necessite, une violence sur les terrains de football qui est devenue le quotidien le plus banal. La violence est verbale : injures, insultes, mots grossiers et vulgaires, propos orduriers et scatologiques entre les joueurs et vis-a-vis de l'arbitre.

    La violence est physique : des intimidations aux fortes poussees sur l'adversaire, des pressions aux bourrades, coups en tout genre, tacles appuyes, crachats, manchettes, gestes obscenes. Ces violences constituent la verite du football actuel. Un match de football est une tempete, la lente agonie de joueurs pousses dans leur extreme limite physique, la mise en tension provoquee par le choc d'equipes-commandos en crampons pretes a en decoudre. Il participe de cette cretinisation des esprits contamines par le fleau emotionnel du football a travers un projet d'identification collective a un nouveau Dieu. Mais Dieu ne donne pas de «coup de boule»...

    Le geste de Zidane, apres tant d'autres tout aussi condamnables, est symbolique des limites que le football est en train de franchir : la mise en oeuvre d'une violence visible par tous et desormais acceptable. L'atmosphere de ce match devenait irrespirable tant la pression etait forte. Et cet acting out du capitaine de l'equipe de France, une forme d'abreaction, c'est-a-dire de decharge emotionnelle, est venu comme une conclusion «naturelle», eu egard aux enjeux immenses et a la pression que subissait ce groupe de combat en operation sportive.

    Le geste de Zidane, dans les dernieres minutes du match, autodestructeur et infantile, est un symptome, soit en termes analytiques, le substitut d'une satisfaction pulsionnelle qui n'a pas eu lieu : la gagne a tout prix, la fin heureuse d'un match qui ne parvenait pas a se denouer. «On vit ensemble, on meurt ensemble»,terrible et inquietante devise par quoi le scandale est survenu.

    * Respectivement professeur de sociologie, universite Paul-Valery, Montpellier-III et architecte, professeur en esthetique, universite Paris-X-Nanterre, coauteurs du

     Football, une peste emotionnelle (Gallimard, Folio, 2006).

    Arretez de me prendre pour Zidane!

     

    Chaque pays, chaque ville, jusqu'a la moindre bourgade pauvre et reculee que nous traversons, possede son stade de foot. Quand nous communiquons avec les gens, de nombreux hommes en viennent rapidement a enumerer les celebres footeux en ventant les merites de leur equipe favorite. Dans chaque cafe internet dans lesquels nous nous rendons, de nombreux garcons (!) s'abrutissent devant des jeux de foot pendant que les hommes, les vrais, picolent au bar devant un ecran de tele, a beugler et vociferer pour supporter leur equipe...

    Ce gregarisme primaire est sans doute dans l'air du temps et je n'en ai pas ete epargne: mon idole etait Edgar Grospiron (voir ici). Mais peut-etre est-il temps de changer d'ere?!

    A celleux qui pensent que le sport* est un exutoire, avec entre autres fonctions de contenir les pulsions belliqueuses et combler un vide existentiel (en d'autres termes a occuper nos jeunes face a la delinquance et l'oisivete...), je les invite vivement a s'interroger profondement sur les fonctions economiques, politiques, culturelles, ideologiques du sport, avent de stigmatiser aveuglement celleux qui osent (les vilainEs!) critiquer ce phenomene social total.

    Ne ratez pas l'Ultra-Sieste, le mardi 28 aout aux Houches, qui traitera de ce sujet tabou qui ne peut rester l'impense (tiens, ca rime avec chimpanze!) majeur de notre monde:

    - Antony Pouliquen fera une conference gesticulee "Une autre histoire du sport ou pourquoi je ne serai jamais Luis Fernandez"

    - Paul Aries donnera une conference "pour une critique de la sportivisation de la vie" qui sera suivie d'un debat.

    renseignements sur l'Ultra Sieste 2012 et videos des anciennes editions ici

    Si, apres avoir profere de tels propos relevant probablement d'une excroissance du Moi pathologique, vous tenez toutefois a m'appeler Zizou, allez-y! Mais, dans le genre, je prefererais Fifou!

    Desportivement, Fifi

    *le sport est ici entendu en tant qu'activite physique pratiquee en competition, ou avec un esprit competitif.


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  • Commentaires

    1
    Alain SudeMonplingre
    Mercredi 29 Août 2012 à 10:42

    CQFD N°041 


    FAUX-AMIS 

    ZINEDINE DANONE 

    Mis à jour le :15 janvier 2007. Auteur : Le bouledogue rouge.

     

    Se payer la bobine de Zidane, c’est toucher à la magie, c’est porter atteinte aux rêves de millions de n’enfants à travers le monde. Comment s’en prendre à un tel symbole de gentillesse et de modestie, insoupçonnable de calculs vénaux ni d’arrière-pensée politique, lisse et poli, timide à la limite de l’autisme ? Sauf quand on traite sa sœur évidemment ! Et puis la main sur le cœur : visite de services de pédiatrie, d’orphelinats en Algérie comme au Bangladesh. Aaah les n’enfants ! C’est merveilleux les n’enfants. C’est d’ailleurs « l’engagement de Zizou auprès de l’association des gamins atteints de leucodystrophie » qui a fait fondre Franck Riboud, le PDG de Danone. Le cœur, coco, voilà le secret du business du xxi e siècle ! Du coup, Zidane a été embauché comme super-VRP par le laitier philanthrope qui refuse de communiquer le salaire de sa recrue : « Les enjeux affectifs et intellectuels sont supérieurs aux enjeux financiers. » (L’Express, 07/06/2004). Tu m’étonnes ! Si on en croit le patron de la multinationale - 1,46 milliards d’euros de profit l’an dernier - c’est lui qui a débauché Zidane de sa fraîche retraite dorée. Il avait pourtant de quoi buller pendant cent ans, le veinard, avec 14,6 millions d’euros engrangés rien qu’en 2005 ; soit un peu moins de 3 000 ans de RMI et un peu plus de 7 000 ans de salaire d’un instituteur algérien. On imagine sans peine le mentor et son nouveau pote les yeux embués d’émotion à l’évocation de « l’exploitation de l’image [de Zizou] pour la promotion d’actions en faveur de l’enfance. » « On peut faire du business au service de la pauvreté... Zidane l’a bien compris. » (Libération, 16/12/2006) et l’avenir sourit aux ambitieux sans vergogne, dit-on...

    La reconversion du mercenaire du ballon rond en homme-sandwich n’est pas nouvelle : un pied dans la grolle de sport (Adidas), un autre dans le yaourt, la gorge pleine de Volvic, la tête dans la téléphonie mobile (Nedjma, opérateur algérien), le tronc chez Canal +, le séant dans l’assurance (Generali)... et la main sur le cœur en toute circonstance. Quand l’imitateur Gérard Dahan usurpe la voix de Chirac pour demander à l’ancien numéro 10 que les joueurs de l’équipe posent leur menotte droite sur le palpitant durant La Marseillaise avant le match Eire-France, ils s’éxécutent comme des moutons. La docilité des sportifs est sans limite. Lors de son récent voyage en Algérie le footballeur a encore franchi un cran dans le domaine de la carpette. Accueilli en sauveur et en homme d’État, il déclare : « Je suis un sportif, je ne fais pas de politique » et se laisse décorer comme un pantin par Bouteflika. Une pub inespérée pour un gouvernement qui a toujours bafoué la cause kabyle (notamment lors de la révolte de 2001) ; qui dénigre les binationaux franco-algériens comme étant « la cinquième colonne du néo-colonialisme » ; qui a laissé croupir les sinistrés du séisme de mai 2003 dans des conditions déplorables pendant trois ans et qui brade le pays dans une ambiance de corruption sans précédent. Rien de ces sordides contingences ne semble troubler la candeur béate de la personnalité préférée des Français : « J’avais un besoin de revenir, c’est la terre de mes parents. J’espère retrouver des sensations, voir la mer, le soleil, les saveurs du pain kabyle. » C’est très touchant et il faudrait vraiment avoir mauvais esprit pour soupçonner un quelconque rapport avec l’implantion bientôt hégémonique de Danone (eaux minérales, lait, biscuits) en Algérie depuis 2001. En tout cas, puisque tout est communication, on voit d’ici le slogan des prochaines campagnes de la firme : coup de boule sur les prix au rayon yogourt !

    Publié dans CQFD n°41, janvier 2007.

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